Sortie du chœur Coriolan pour les 5 ans de La Marmite au TKM

Présent·es : Maria, Florence, Nathalie, Chris, une amie et son frère, Ana, Zara, Teka, Mouna, Arlette et sur place des participant·es des anciens parcours Mahmadi, Yaquub, Serdar, Lendita, Florence.

Nous nous retrouvons vers 17h30 à la gare de Prilly-Malley sous une chaleur écrasante, nous commentons la météo en nous donnant quelques nouvelles. Il y des absents, des décommandes de dernière minute. La médiatrice ne connaît pas les anciens de certains groupes, les participant·es nouveaux·elles venu·es du groupe L’après-midi d’un faune sont rapidement présentés aux autres membres du groupe du chœur. Puis nous faisons la marche-jeu de piste à travers les travaux qui nous séparent du TKM sous un soleil de plomb. Nous commentons nos changements de chaussures, douleurs aux pieds, manières de se protéger du soleil et comparaisons de températures avec la Somalie ou le Maroc.

L’accueil dans les tentures rouges du TKM se fait par l’équipe de La Marmite : Emilie à la communication, Macha à la production, Kika à l’administration. Il est rare que les participant·es puissent rencontrer les membres de la coordination de La Marmite. Une citronnade au gingembre nous attend, délicieuse comme tous les mets de la soirée.

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Après avoir choisi nos places, rassemblé les tables, passé de l’arrière à l’avant des rangs du public, les discours officiels commencent. Des jeunes femmes parlent au nom du Canton de Vaud et de la Ville de Lausanne de participation culturelle, programmes et subventions. Mathieu Menghini, fondateur de La Marmite, présente le projet et les objectifs, puis nous regardons un petit film du cinéaste Fabrice Aragno qui compile différentes images, vidéo et montages des parcours effectués en 5 ans : spectacles vus, créations collectives, sorties, discussions, apéritifs, témoignages. Cette mosaïque nous donne une image impressionniste de ce qu’est le projet de La Marmite : récit, sensibilité, parole, imaginaire, réception, transformation, création. (vous pouvez retrouver sur le site de la Marmite ce film ainsi que l’intégralité de la soirée https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=839629250332298 ). 

S’ensuit une table ronde d’1h30 dans une moiteur intense. Sont présents : 1 relais de l’association Palabres, qui a proposé deux parcours, et 3 participant.es, 2 artistes des parcours, 2 membres permanentes de La Marmite, et 1 médiatrice. La discussion, guidée par Isabelle Carceles qui a travaillé à la radio, nous mène de récits en témoignages, anecdotes en analyses. Nous parlons de l’art collaboratif, ce que La Marmite a changé pour nous, comment les rencontres nourrissent les œuvres et les œuvres nourrissent les rencontres, ce que le récit change à l’œuvre, et à notre position dans la société. Quelques fragments réinterprétés, de mémoire : 

 

Qu’est-ce que La Marmite vous a appris ? 

« La Marmite m’a appris a faire un peu l’acteur, comme on a fait une mise en scène où on parlait, j’ai appris à travailler la voix, parler fort. »

« J’ai appris des choses sur l’attention. »

« J’ai appris à laisser ma timidité de côté, et l’étrange m’accompagne comme une autre manière de voir le monde où me voir moi-même. » 

« J’ai appris et j’apprends beaucoup de choses, continuellement, car le chemin de l’intégration est long. Etre suisse, être brésilienne, être d’ici, de là-bas. Mais finalement ce que je peux dire c’est qu’à force d’aller voir des spectacles, côtoyer l’artiste, je suis… plus capable, voilà je suis plus capable. »

 

Sur la question de la création collaborative, les enseignantes universitaires décrivent une œuvre collective, de processus, qui surgit souvent dans des moments de crise sociale ou politique. Ce type de création, comme dans le dadaïsme, est souvent conjoint avec des mouvements politiques de contestation, comme le féminisme ou les ZAD plus actuellement. Le récit y tient une place prépondérante, comme dans La Marmite le récit de la réception accompagne la réception. 

Les artistes reconnaissent qu’on fait du lien, à travers des rencontres « soignées », on a quelques idées et on fait les choses petit à petit, avec les idées du groupe. Pour un autre artiste, il y a la question de la responsabilité, car l’accompagnement concerne des personnes qui vivent dans une situation différente de la nôtre, par exemple des opposants politiques qui craignent de laisser des traces écrites qui pourraient se retourner contre eux. 

A la fin, au moment de passer la parole au public, ce sont des participant·es et des relais qui proposent des interventions :

 

« La création collaborative existe depuis la préhistoire car c’est un ciment social et c’est ce qui fait la force de la condition humaine. La Marmite s’inscrit dans ce besoin d’appartenir et faire ensemble, à travers l’art ». 

« Dans notre création, il y avait du théâtre, on faisait notre rôle. Maintenant notre création est finie, il n’y a plus de théâtre. Mais peut être qu’on peut continuer le théâtre, garder ça, et jouer le rôle qui nous convient et pas forcément celui qu’on nous donne ». 

« Reproduire une image du musée m’a permis de mûrir et m’approprier l’étrange. »

 

La responsable relais d’une association souligne la qualité d’« accoucheur » de l’artiste qui révèle la beauté et interpelle les professionnels de la culture en disant que dans les grandes salles des villages, les matches de hockey et les concerts de l’harmonie de la Police se trouve une culture qui relie les gens, et que la grande Culture a peut-être des questions à se poser sur une offre qui peine à attirer et relier les gens. 

Nous passons ensuite, après une pause dehors pour chercher un peu de fraîcheur, à un festin simplement orchestré : salade verte, de carottes, de lentilles, gratin d’aubergine délicieux, tzatziki, pain frais. Les tartes pommes, rhubarbe, cannelle font le délice des becs sucrés. Les discussions et retrouvailles prennent le pas sur la musique proposée, et vers 23h le dernier groupe quitte le foyer pour rejoindre une soirée à la Galicienne, puis à l’Arsenic, regroupant artistes et participant·es. La nuit sera longue !

 

 

 

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