Documentation

"En liberté" : un film de Fabrice Aragno sur La Marmite

Constats et principes

La Marmite trouve son origine et sa forme dans les convictions, constats et principes suivants, formulés par son concepteur Mathieu Menghini 

  • L’action culturelle s’inquiète de "l’inaudibilité" des "sans-part" (Jacques Rancière) autant que de la perpétuation des inégalités culturelles. Ne pas voir que manques là où se trouvent maintes ressources et vice-versa !

  • La contribution des classes populaires, de leurs savoirs, représentations et sentiments à la constitution de l’espace public est une exigence démocratique. La participation culturelle peut contribuer à la démocratisation de la démocratie.

  • Promouvoir et organiser des occasions de rencontres de qualité entre des "intellectuel·les" critiques issus de disciplines diverses et le "peuple" enrichit notre lecture du monde et sous-tend l’émergence d’une pensée réellement "complexe" (Edgar Morin).

  • La démocratisation culturelle traditionnelle a connu un échec relatif par défaut de prise en compte des obstacles psychosociauxcognitifs et symboliques dans l’accès à l’art, des sentiments "d’indignité" et "d’inaptitude" que connaissent certain·es (Pierre Bourdieu).

  • L’appropriation culturelle ne saurait être envisagée dans la brièveté ; de même, nouer une relation véritablement profonde avec des groupes sociaux implique une certaine durée d’intervention.

  • La signification des œuvres augmente et s’élargit lorsqu’elle croise les perspectives, qu’elle est le produit d’une transaction collective (Antoine Hennion) ; à cette condition, elle devient un exercice de citoyenneté.

  • Les théories de la dynamique des groupes révèlent la stimulation plus grande qu’offrent les cercles restreints par rapport à l’expérience d’une réception individuelle ou à celle d’une masse confuse ; ces cercles sont aussi un cadre propice à l’expression de chacun·e, à l’audace d’être soi.

  • Parmi les fruits les plus captivants de l’art contemporain, ceux qui voient les artistes considérer la population à même le processus de leur création séduisent singulièrement – que l’on nomme ce processus "création partagée" ou "art collaboratif".

  • L’effrangement des contours des disciplines artistiques est un fait majeur de notre temps et, pourtant, peu d’initiatives d’éducation culturelle en prennent la mesure.

  • Malgré la croissance de l’offre culturelle et la "concurrence" entre les propositions artistiques, il convient de tenir le paysage culturel de notre région comme une totalité organique. 

Principes pour atteindre un but idéal : la participation culturelle

  • Mouvement culturel, La Marmite organise des parcours culturels gratuits, pluridisciplinaires, sensibles et intellectuels mettant en relation des personnes , des artistes, des invité·es, des médiateur·trice, des lieux de culture ainsi que des productions artistiques. La médiation proposée entend, le plus souvent, travailler à "l’assimilation critique" (Vladimir I. Lénine) "d’éléments de culture qui font partie des instruments symboliques dominants, c’est-à-dire socialement décisifs" (Olivier Schwartz). Elle se veut vivante et libre, abordant "sens" et "significations" (Paul Ricœur) et incitant à une interprétation rimbaldienne des objets culturels – c’est-à-dire littérale et dans tous les sens.

  • Mouvement artistique, La Marmite prévoit qu’une œuvre d’art – fruit d’une création partagée entre les participant·es et les artistes – cristallise l’évolution des représentations et sentiments des groupes sur une thématique d’un intérêt existentiel et citoyen, contribuant à la génération "d’une nouvelle [culture] en libérant les paroles enfouies, décalées, marginalisées, réprimées" (Lionel Arnaud).

  • Mouvement citoyen, La Marmite entend donner de la visibilité aux "sans-part" (Jacques Rancière), de l’audibilité aux "sans écoute" (Erri De Luca) et pourvoir à leur inscription sensible dans l’horizon démocratique. La conception de la citoyenneté ne s’arrête pas ici à l’éducation civique étroitement comprise, mais intègre les valeurs de l’éducation populaire : l’écoute, l’expression libre, l’affinement des désaccords, l’esprit critique entendu comme dépassement des opinions particulières.