Visite au Musée de l’Immigration – 4 mai 2019
Nous nous sommes donné rendez-vous à la Brasserie de Montbenon avant la visite au musée. Installés dans le très cosy hall d’entrée de la demeure, les participantes présentes lors de la rencontre avec Hanane Karimi racontent cet échange aux personnes du groupe qui n’ont pas pu y participer. Sa présence, sa simplicité, sa beauté, son témoignage et son humour ont particulièrement été appréciés.
Ensuite, pour présenter le Musée de l’Immigration, nous évoquons les objets que l’on pourrait trouver dans les valises du musée : journal de la naissance, CFC-diplômes, natel, carte de crédit, habits, maillot de bain, mèche de cheveux verts, carte d’embarquement, drapeau, photo de famille, journal d’anniversaire de 60 ans, agenda papier, arbre généalogique, monture lunette, carte de vœux, certificat de naissance, permis C, photo de fleur, tube de cenovis, paire de lunette, bonnet, lettres, livres, carte du monde, pain, tresse, pare de pantoufle blanche, savon, peluche, cartouche de cigarette, crayon, carnet.
Nous échangeons également au sujet des expériences migratoires de chacun et chacune :
« Mon grand-père a migré d’Aoste vers Lyon. J’ai été fabriqué en France, je suis né en Suisse et à 20 ans j’ai été naturalisé. »
« Je suis née au Brésil. Je suis allée à l’école avec des personnes d’origine socio-culturelle différentes des miennes »
« Je suis née en France. Je suis arrivée en Suisse à l’âge de 12 ans. Je me sens Suisse. »
« J’ai changé de commune. »
« Mes grands-parents sont Suisses. Moi j’ai vécu à Marseille, puis dans la banlieue parisienne avant de venir en Suisse. Je me sen Suisse. »
« J’ai grandi en Italie, mes parents sont Italiens. »
« J’ai grandi en Suisse. Je me faisais traiter de ritale, piaf. C’était l’horreur. »
Le Musée de l’Immigration et le plus petit musée de Suisse et son existence est étroitement liée à celle de son fondateur et directeur, Ernesto Ricou. Ainsi, la visite prend tout son sens avec les récits passionnés de M. Ricou, ses anecdotes, précisions historiques et appréciations personnelles.
Les deux pièces exiguës qui composent le musée sont encombrées d’objets : essentiellement de valises, mais aussi de livres. On y trouve un joyeux bric-à-brac de portraits, panneaux écrits en différentes langues, dessins réalisés par M. Ricou (par ailleurs artiste plasticien et professeur d’art) qui racontent la visite médicale des migrants au début du XIXème ou les bateaux de migrants qui chavirent de nos jours en Méditerranée.
Chaque objet a son histoire au musée et c’est M. Ricou qui nous la conte de sa voix envoutante: Histoires de migrants et de leur familles, d’arrivées, de départs. Mais aussi de rencontres avec des personnes soucieuses de conserver le patrimoine de leur famille. Chaque valise contient les objets d’un migrant, elle est la garante du témoignage de sa vie et de ses souvenirs d’ici et d’ailleurs. M. Ricou transmet avec passion ses récits de vie lorsqu’il ouvre chaque valise. Il semble avoir autant de passion à transmettre qu’à écouter les histoires de migration que les participant-e-s du groupe partagent avec lui. La question de l’identité et des origines est au coeur de l’échange tout au long de la rencontre.
Lorsque nous nous hissons jusqu’à la deuxième pièce du musée, au premier étage, M. Ricou nous présente le dispositif éducatif destiné aux jeunes. De par son métier d’enseigant, il lui tient à cœur de faciliter le dialogue intercommunautaire au sein de l’école ainsi que l’échange culturel. Pour cela, il sollicite l’aide des visiteurs afin de remplir des boîtes qui représentent chacune une des multiples nationalités présentes en Suisse.
A la fin de la présentation de Ernesto Ricou, nous restons discuter avec lui et chacun peut se promener dans le musée. Bien que l’espace est minuscule, il y a tellement de choses à regarder !
Nous quittons M. Ricou, reconnaissants de l’accueil chaleureux qu’il nous a réservé et nous rejoignons la Brasserie de Montbenon, afin de clore cette sortie pour découvrir les objets emmené par chacun en lien avec ses origines.
Après quelques négociations avec les serveurs de la brasserie animée, le groupe Héritier est autorisé à monter à l’étage avant le service du soir. Nous surplombons le restaurant, au calme, dans un décor feutré avec quelques gourmandises et boissons sur la table.
Le tour de table se révèle riche et touchant, les objets amenés sont disparates mais ils prennent vie lorsque chaque participant-e-s explique au groupe le choix de cet objet.
Derrière chaque objet il y a une histoire, une histoire d’origine qui attendait d’être partagée…
Nous nous quittons, la tête remplie d’histoires et nous fixons notre prochaine rencontre pour préparer la sortie au théâtre.