RENCONTRE DU MERCREDI 1 MARS – Rencontre création collective : enregistrement et film
C’est une participante du groupe Char qui nous accueille chez elle pour filmer et enregistrer de nouveaux ingrédients de la création collective. L’accueil est chaleureux et notre hôtesse nous a concocté un repas que nous partageons ensemble en fin de séance.
Fabrice Aragno installe son matériel pour enregistrer les lectures de poème et les chansons. Le micro a servi à des films de Jean-Luc Godard et tout le monde en est impressionné. Tour à tour, nous lisons des extraits de poèmes de Jean-Pierre Siméon, de Michel Simonet (balayeur de rue et poète), un texte écrit par une participante, en nous appliquant, à deux voix, puis en chuchotant.
Une participante interprète deux chansons a capella, debout face au micro, entourée du groupe. Sa voix forte et douce à la fois et les paroles en anglais et espagnol, évoquent avec nostalgie la force de la vie au-delà des souffrances. « Ce sont ces chansons qui se sont imposées à moi, je ne les ai pas choisies, ce sont elles qui m’ont choisie ». Emotions partagées, l’enregistrement se termine les larmes au coin des yeux.
Être humain, c’est avoir des rituels. Nous découvrons le rituel argentin du maté et Fabrice Aragno filme la calebasse passer de main en main. Le maté chaud et amer est dégusté dans le salon.
Une participante amène un dessin qu’elle a fait. Il représente trois visages de femmes que l’on peut regarder selon différentes perspectives. Elle écrit ensuite un poème sous le regard de la caméra de Fabrice Aragno.
La soirée se termine autour d’un repas partagé.
RENCONTRE DU 6 MARS 2017 – Conception de l’écran de robes
Préparation de l’installation multimédia : La Comédie – mars 2017
Une partie du groupe se retrouve à la Comédie pour élaborer l’écran de robes qui servira à la projection. Fabrice Aragno projette des images sur un drap blanc provisoirement accroché au fond du café.
Chacune a sorti de sa garde-robe un habit blanc : sa robe de mariée, des robes d’enfant, la robe de mariée de sa mère ou encore des tuniques, pour confectionner cet écran.
Le travail de conception commence ; un petit groupe imagine la scénographie et commence à fixer du fil nylon et des épingles à nourrice aux robes.
RENCONTRE DU 7 MARS : Descente des marches
Inspirée par un film vu à la Collection de l’art brut, une participante organise une descente du tapis rouge des escaliers de la Comédie.
Les participantes descendent les marches en escarpins, en bottes ou à pieds nus. Les chaussures sont ensuite échangées. Fabrice Aragno filme les pieds qui montent, descendent et remontent. On laisse échapper quelques éclats de rires, puis on se reprend, pour ne pas déranger les comédiens qui répètent à l’étage…
Petit à petit, chaque pas, chaque démarche devient un personnage, semble habité d’une personnalité. Les pieds se cherchent, se chamaillent, dansent, et trébuchent. On se prend au jeu d’exprimer notre humanité avec nos pieds !!!
RENCONTRE DU 10 MARS : Ecran de robes blanches, épisode 2
Le vernissage a lieu dans 5 jours et les participantes se retrouvent en nombre à la Comédie pour poursuivre l’installation de l’écran de robes.
La collection des robes blanches est déposée sur la table. Tout le monde s’affaire : on grimpe sur l’échelle, suspend, coud, attache, défroisse, conseille, observe et encourage. Les enfants de certaines sont venus au rendez-vous et les adultes se relaient auprès d’eux. On se met d’accord sur la manière d’accrocher les robes et on fait des photos pour partager sur WhatsApp avec celles qui n’ont pu se libérer pour cette séance.
On mange un morceau ensemble, puis on continue à travailler sur le texte du papillon qui sera distribué au public pour expliquer la démarche du groupe.
RENCONTRE DU 15 MARS 2017 : Vernissage de la création collective du Groupe Char à la Comédie
C’est à 9h que Fabrice Aragno et les premières participantes se sont donnés rendez-vous pour finaliser l’écran de robes : le travail de couture, d’installation, de repassage, d’ajustement et de scénographie se poursuit jusqu’à tard dans l’après-midi. La pression monte un peu, il faut que tout soit fini à temps ! Et Fabrice Aragno attend patiemment que l’accrochage soit terminé pour pouvoir calibrer ses projecteurs… il programmera l’installation jusqu’à la dernière minute !
30 minutes avant le vernissage l’échelle est rangée, les papillons sont installés. Certaines rentrent vite se mettre sur leur trente-et-un pour la partie officielle. Les sons et images défilent sur l’écran de robes, sur les plafonds voûtés et dans les différents haut-parleurs et casques. Les invités arrivent petit à petit, emplissant peu à peu le foyer de la Comédie.
La partie officielle commence par le mot de bienvenue du directeur de la Comédie, Hervé Loichemol qui se hisse sur une table pour accueillir les invités, venus en nombre. Mathieu Menghini présente La Marmite et le parcours du groupe Char et remercie les acteurs qui ont rendu ce projet possible. Béatrice Cortellini, la responsable de Solidarité Femmes présente l’association.
Puis trois des participantes du groupe Char lisent un texte écrit par l’une d’elles au nom du groupe :
« La Marmite nous a sollicités pour un projet qui voulait questionner l’humanité de l’être humain. Vaste projet.
Cela sonnait beau, même si cela paraissait abstrait. Pour chacun-e d’entre nous qui avons eu la chance de prendre part à l’aventure, elle s’est révélée une expérience unique et merveilleuse.
Notre dénominateur commun : une sensibilité très forte. Chacun-e d’entre nous avait un besoin, souvent inconscient et urgent, de pouvoir redonner du sens à son existence, de partager sa fibre sensible et enfin de pouvoir s’exprimer autour de tous ces aspects.
Le parcours de La Marmite nous a doucement amenées à en prendre conscience et à nourrir ces besoins.
Les œuvres que nous avons découvertes ensemble, le projet commun, ont agi comme un fil rouge qui relie l’être à l’univers.
La magie a opéré instantanément et un cercle vertueux nous a portés tout au long de l’aventure pour nous rapprocher et nous amener à nous apprécier nous-mêmes et les autres tels que nous sommes, avec notre même capacité à nous émouvoir de ce qui est essentiel dans l’existence.
Grâce à ce parcours, nous avons retrouvé foi en l’humanité et en nos capacités à nous émerveiller et à aimer. Cette installation, c’est un peu pour vous le prouver. »
La Marmite, installation vidéo Groupe Char. from CASA AZUL FILMS on Vimeo.
RENCONTRE DU 28 MARS 2017 : Soirée de bilan à Solidarité Femmes
Deux semaines après le vernissage de sa création collective à la Comédie de Genève, le groupe Char se retrouve dans les locaux de l’association Solidarités Femmes pour faire le bilan du parcours.
En début de séance, nous revenons sur la soirée du vernissage et sur l’article qu’une journaliste du Courrier va écrire au sujet de la création collective. Trois personnes ont répondu à ses questions par téléphone.
Une des participantes souhaite nous lire un poème qu’elle a traduit du brésilien car il est pour elle une métaphore de son expérience dans le groupe Char. On marque un silence ému à la fin de sa lecture qui nous parle à toutes…
Nous proposons au groupe de revenir sur le parcours du groupe Char à l’aide d’un outil théâtral : le théâtre-image. 4 groupes de 3 à 4 personnes réfléchissent ensemble aux 5 moments marquants du parcours du groupe Char. Elles créent pour chaque moment une image collective à laquelle elles donnent un titre. Les groupes présentent ensuite les différentes images. Nous voyageons dans les souvenirs communs : des jeux de présentation pour se rappeler des prénoms lors de la première séance aux descentes des escaliers de la Comédie en passant par une ballade sous la pluie avec une poussette double dans les rues escarpées de Lausanne. Les titres sont évocateurs : Escalier écarlate, accrochage fatal, découverte de l’artiste, les pieds, les post-its humains, le maté partagé ou célèbres, anonymes et connectées… Des moments de partages, de création et de rencontres sont évoqués.
Nous rejoignons ensuite fauteuils et chaises autour de 10 bougies disposées sur la table. 5 sont allumées et 5 sont éteintes. Chacun-e peut allumer une bougie pour un événement positif et en éteindre une pour un événement négatif. A la fin du partage, 5 bougies demeurent allumées et 5 éteintes sur la table. C’est un moment d’échange, de confidences et de remerciements. Quelques bougies sont soufflées pour l’installation à la Comédie qui ne marchait pas toujours au moment où elle aurait dû, pour des absences à certaines séances et pour des proches qui n’étaient pas là le jour du vernissage. Beaucoup de bougies sont allumées pour exprimer l’importance que l’aventure du groupe Char a eu pour chacune. Certaines personnes se sont rendues compte de l’importance que revêt l’art dans leur vie, que ce soit en tant que spectatrice ou dans l’expression de sa propre créativité. La solidarité, la bienveillance et la sensibilité du groupe sont saluées par de nombreuses participantes. Il a permis, selon les mots d’une d’entre elles, de « partager l’essentiel, de partager ce qui relève de l’âme, de l’humain ». Une autre participante nous confie que grâce à ce parcours, elle s’est « sentie exister et faire partie de la société ».
A la fin, les 10 bougies demeurent allumées.
Beaucoup aimeraient pouvoir prolonger l’aventure d’une manière ou d’une autre. Nous évoquons les possibilités de poursuivre des activités culturelles avec La Marmite ou en collaboration avec Solidarité Femmes. On parle également de faire voyager la création collective… affaire à suivre !
Rendez-vous est pris pour partager encore un repas canadien à la mi-mai. Des liens forts se sont tissés au sein du groupe… on a envie de se revoir.
Florence Savioz & Iris Meierhans