Où il est question de sorties, d’engagement et de COVID (encore)
Présents :
A la réunion d’organisation : Jean-Daniel, Thierry, Bérangère, Sarah, Danièle, Emilie
A la réunion de retrouvailles manquée : Mouna
A la réunion de retrouvailles effectuée : Teka, Zahra, Nadia, Sarah, Danièle, Emilie, Thierry
Une nouvelle dimension au projet
Les organisateurs, en tant que personnes impliquées et représentants les institutions culturelles (HEMU, Marmite, Manufacture), se retrouvent à l’HEMU, dans les intimidants locaux de Saint François, en septembre afin de redéfinir où nous en sommes du projet. La chercheuse Bérangère revient de congé maternité, Sarah, sa remplaçante qui a fait les sorties avec nous va lui céder sa place, mais reste impliquée bénévolement quelques semaines suite à nos rencontres. Jean-Daniel, touché cette semaine-là par un virus inoffensif mais perfide, commence sa création à l’Arsenic de septembre à novembre mais se réjouit de continuer ensuite. Danièle de l’association a un agenda très chargé.
Il existe un intérêt à continuer, malgré des disponibilités inégales, et une surtout une frustration liée à la fin en queue de poisson du mois de juillet : une amertume d’inabouti. Nous nous demandons comment éviter l’effet « réchauffé » de reprendre des rencontres et les tablettes ou sons, la pertinence de la création collaborative pour les participants. Thierry propose de lancer un nouveau projet de financement lié à la recherche qui permettrait de donner un nouveau volet au projet, développé sur plusieurs mois, avec les personnes du groupe qui choisiraient de s’impliquer pour une création plus approfondie, pour le printemps 2022, et qui pourrait concerner aussi des étudiants de l’HEMU.
Le but n’est-il pas de rendre les participants autonomes dans leur accès à la culture, qu’ils s’approprient ce projet dans leurs univers personnels ? Quels sont les éléments qui pourraient permettre ou empêcher de s’engager dans une telle proposition (légitimité, disponibilité, genre, pertinence, moyens financiers) ? Le groupe est-il assez lié et fort pour être porteur pour chacun ? Les participants voient-il assez en quoi consiste une création collaborative pour s’engager en connaissance de cause ? Sont-ils en mesure de s’engager en termes de conditions objectives d’existence (travail à l’appel, santé, voyages prévus, imprévus familiaux et communautaires…) ?
En tant que médiatrice de La Marmite, je décide de m’effacer comme sur un parcours traditionnel, et laisser la main aux artistes maintenant que le groupe est constitué. Si le projet aboutit, je m’y rendrai quelquefois pour documenter et accompagner le groupe, mais sans commune mesure avec l’énergie engagée au début.
J’ai toutefois une puce à l’oreille qui éclaire l’ambition des parcours traditionnels de La Marmite : inclure sur nos parcours « normaux » un volet de création collaborative en quelques rencontres à la fin d’un parcours de réception, n’est-ce pas un peu compresser un processus qui pourraient avoir plus de moyens de déploiement ? Si cette création collaborative nécessite ici un nouveau financement et un nouveau calendrier, est-ce lié au manque de construction et anticipation sur un parcours chahuté par les conditions sanitaires, ou à la nécessité intrinsèque de ce type de travail, ou encore propre à notre petit groupe, ses participants et nombreux organisateurs ?
Nous convenons de proposer deux nouvelles sorties culturelles afin de relancer une dynamique, offrir de nouvelles sorties au groupe qui a eu un parcours réduit sur le premier semestre (en termes de théâtre, notamment), et afin qu’ils et elles voient en quoi consiste un travail artistique pour nos deux artistes du parcours, ce qui pourrait les renforcer pour la suite. La première date est un concert commenté à l’HEMU, avec un mini orchestre symphonique qui joue L'Apprenti Sorcier, commenté-médié par un apprenti-chef d’orchestre. La seconde une sortie pour voir la création de Jean-Daniel à l’Arsenic, Partir, une pièce de théâtre avec plusieurs comédiens, sur un plateau, incluant de la vidéo, en novembre. Nous convenons d’organiser une rencontre de retrouvailles un jeudi pour présenter ce programme, et au terme de ces sorties présenter où en sera le projet et proposer un engagement formel aux participantes et participants pour une création collaborative de décembre 2021 à février 2022.
Un rendez-vous manqué
Sarah poste sur le groupe une invitation audio pour des retrouvailles jeudi 16 septembre. Une participante a des cours d’informatique les jeudis jusqu’à 19h30, elle est désolée. La veille, deux participantes et la médiatrice annoncent qu’ils ne pouvent pas venir, puis une autre qui ne se sent pas bien suite au vaccin. La séance est annulée faute de participants, nous communiquons sur le groupe de coordination mais pas sur celui qui comporte les participants...
Malheureusement vers 19h30 la participante tente de rejoindre la réunion suite à son cours d’informatique et trouve porte close. Elle s’est déplacée pour rien, nous nous excusons platement par message mais cela fait une soirée chargée et un rdv manqué.
Nous prenons date pour le jeudi suivant, Sarah et Danièle continuent à communiquer individuellement par téléphone ou en vrai avec chaque participant : où il en est, ses disponibilités, le projet de création collaborative…
Une réunion de retrouvailles
Nous nous retrouvons, quatre organisateurs et trois participants, à Lire et Ecrire pour une soirée de discussion pique-nique, ce qui nous autorise temporairement à enlever le masque.
Nous parlons des absents, des voyages faits cet été, des retrouvailles avec les familles et la mer, des fratries dispersées aux 4 coins du monde, des festivals et de la rentrée.
Puis Thierry narre l’histoire de L’Apprenti Sorcier, ses stratégies pour en faire le moins possible, son manque d’anticipation et de contrôle pour arrêter le balai magique, nous laissant sur notre faim. Les participants, s’ils ne connaissent pas ce conte, imaginent la suite, visualisent les lieux et semblent transportés par la voix du conteur. Le rendez-vous est pris pour les deux participants disponibles à cette date pour aller voir le concert commenté. Il faudra planifier un test COVID dans les 48h précédant la représentation pour l’un d’entre eux.
Ensuite, nous parlons de la pièce Partir que présentera à l’Arsenic Jean-Daniel Piguet : avec ce titre, les uns pensent à des vacances, les autres à un exil sans retour, d’autres un groupe de silhouettes qui s’éloigne, quelques-uns au départ de la vie terrestre.
Cette pièce parle des derniers moments partagés à l’hôpital entre un malade et ses proches, dans les semaines qui précèdent la mort. Un parcours du dossier de présentation permet de voir les photos et lire la présentation de la pièce.
Nous échangeons sur les rituels autour de la mort, qui concernent plus souvent après la mort qu’avant (puisqu’on ne sait jamais combien de temps dure cet avant): veille, port du deuil, remariage pour les hommes, période de chasteté de 3 mois et demi pour les femmes « afin de savoir qui est le père si elle est enceinte ».
Un participant interpelle une autre sur les Chrétiens du Maroc. Elle reconnait qu’il y en a, qui alors « ne sont pas Marocains ». Et elle nous raconte l’anecdote d’une voisine à La Borde qui écoutait de la musique marocaine pendant des semaines, elle finit par sonner chez elle et se présenter :
« - Bonjour, je suis votre voisine, j’entends là que vous écoutez de la musique marocaine, vous êtres marocaine ? ». Et sa voisine lui répond :
« - Non je ne suis pas marocaine, je suis Juive. Je suis née et grandie au Maroc, j’ai le passeport, mais je ne suis pas Marocaine : je suis Juive. »
Ou comment religion, nationalité, culture et identité ne sont pas des formes absolument superposables…
Un autre dit : « Chez nous on a que les rituels chrétiens, c’est les Blancs qui ont tout donné de ce qu’on fait, de ce qu’on croit dans ces rituels ».
Thierry évoque le Jour des Morts au Mexique, cette manière d’honorer nos morts, une fête où on lui prépare une assiette. Sarah fait le lien avec l’histoire d’Hadès et Perséphone qui mange une grenade, évoquée lors de notre pique-nique. On partage sur les moments de visite aux tombes de nos proches. Ce thème correspond au calendrier, puisque nous irons le voir la pièce le 4 novembre.
Test COVID
Chercher sur internet les centres de test au Flon.
Comprendre qu’ils sont ouverts seulement en fin de semaine (notre concert a lieu le mercredi).
Appeler une pharmacie, puis deux, puis trois, il faudrait dire quel est le nom et le pays du participant (quel rapport avec nos sorties culturelles ?) et présenter un passeport en cours de validité sinon il faut qu’elle appelle son chef.
Pour prendre RDV, il faut se créer un profil, pour cela avoir un email et un code que l’on mémorise.
Il faudrait également rattacher à mon email le nom et prénom du participant dans le système de prise de RDV.
La coût du test est lié à la couverture de l’assurance maladie, et le fait d’avoir une carte et un numéro.
Nous décidons d’y aller sans rendez-vous.
Mais attention 24h avant le concert, car si on y va trop tôt ce n’est plus valable, trop tard on n’est pas sûr d’avoir le code ni le papier.
L’hôtesse plantureuse nous fera du charme.
La caméra parlante absurde nous dira deux fois « avancez-reculez-température-corporelle-36.6-vous-pouvez-avancer », on a l’impression de faire un selfie avec la planète Mars.
Finalement, le test sera négatif.
Quel est le pré-requis en termes de cadre spatio temporel pour suivre de si rigides telles démarches ? Culturellement, cognitivement, informatiquement, économiquement, langagièrement, combien sont les personnes qui n’ont pas accès à ces démarches complexes ?