Rencontre au TDJ autour des sorties du 28 février et du 4 mars
À 19h00, six participants et participantes arrivent au Théâtre du Jura. Nous allons visiter le Théâtre de manière à y intégrer des liens avec les différentes sorties faites et prévues. Nous avions tout d’abord imaginé organiser ce rendez-vous à la salle communale de Mervelier. Mais nous avons ensuite pensé que les participant·es seraient heureux·euses de découvrir les coulisses du théâtre et avons imaginé une visite guidée avec des postes thématiques.
Retour sur la table ronde
Nous commençons par la Guinguette, lieu de la table ronde du samedi 4 mars. Nous nous installons à nouveau autour d’une table et discutons de cette sortie. Voici quelques fragments de la discussion :
- Une participante trouve que le thème de base a été perdu car pour elle, il n’y a pas forcément de lien entre la féminité et le féminisme. « Il n’y a pas besoin d’être féministe pour être femme ».
- Pour elles et eux, il y a une différence entre femme et féminité mais rien n’empêche une femme d’être féminine. Certain·es évoquent par exemple la question de l’habillement : comment trouver une salopette de travail adéquate pour un corps de femme ?
- Pour d’autres participant·es, cela va trop loin, dans tous les sens et le respect se perd. C’est complexe car on se pose plein de questions mais on ne sait plus quoi faire, on n’ose plus faire. « Il faut prendre du recul car ça devient trop restrictif et il y a trop de suspicion ». On ressent même parfois une forme de censure.
- Quelqu’un d’autre est content et trouvait intéressant que la discussion ouvre sur la masculinité mais « il ne faut pas aller contre les hommes, il faut aller avec ».
- La discussion sur les nouveaux pères a marqué une participante qui trouvait cela violent envers les hommes.
- Une personne a évoqué la question du langage : comment généraliser avec des pronoms ? Toutes et tous ? Une femme dit que le « tous » ne l’a jamais dérangée car elle se sent incluse dans cette formule. Comme plusieurs participantes ont exercé ou exercent la fonction de maire, on discute notamment des différences entre « Madame le maire », « Madame la maire », « la mairesse » (femme du maire), etc.
- Une dernière participante a beaucoup aimé que plusieurs générations soient représentées au sein des intervenantes. Il y avait des nuances de points de vue et cela racontait un pan de l’histoire assez large. Il y avait aussi différentes cultures présentes au sein du public, c’était intéressant d’entendre ce qu’ils et elles avaient à dire sur le sujet. « Mais c’est un sujet complexe et pas simple à comprendre, c’est un peu embrouillé ».
Retours sur le spectacle
Nous poursuivons ensuite la visite du Théâtre dans la grande salle, en passant par les foyers. Après avoir vu la régie, nous passons sur la scène où, dans les décors du prochain spectacle, les participant·es préparent une scène pour résumer le spectacle Féminines en 5 minutes.
Ils et elles ont principalement été marqué·es par la presse de l’usine, la dégaine vestimentaire des joueuses le premier jour et surtout, surtout, la scène du poulet !
Le groupe a unanimement adoré le spectacle. C’était drôle, bien joué et avec des décors incroyables. Les projections vidéo ont cependant divisé le groupe : certain·es trouvaient qu’il y avait des longueurs et que c’était trop explicite pendant que les autres trouvaient que c’était un plus pour le spectacle. Même si le titre et le thème du spectacle ne les emballaient pas, c’était une très bonne surprise, ils et elles sont très content·es d’être venu·es.
Une danse dans le noir
Nous allons ensuite au quai de déchargement, dans les coulisses, l’atelier, les loges et la Germain – une salle de répétition. Dans cette salle, Lorena propose un exercice qu’elle aime beaucoup faire en tant qu’artiste-performeuse : danser dans le noir. Elle éteint donc toutes les lumières, met de la musique et invite tout le monde à danser pour soi, dans le noir avec les yeux fermés durant une quinzaine de minutes. Cet exercice a beaucoup plu au groupe. Il dit que cela détend et permet de danser librement sans se soucier du regard des autres, ni curiosité d’observer ou de se comparer au reste du groupe. Une personne affirme cependant que cela ne l’aurait pas dérangée de danser avec la lumière allumée, car elle se sent en confiance dans le groupe.
Préparer l’exposition
Nous terminons la visite du TDJ à la Cadette, une petite salle de travail. Là, nous proposons une activité pour préparer à la sortie au musée via un texte de Camille Rebetez, Première fois – une scène de drague entre deux mantes religieuses. Après l’avoir lu tous·tes ensemble, nous proposons à celles et ceux qui le souhaitent d’écrire une scène de séduction du même type mais entre deux escargots. L’objectif, à travers cette brève amorce autour de la diversité sexuelle et de genre dans le règne animal, est de travailler l’horizon d’attente des participant·es en vue de la sortie au Musée d’histoire naturelle Berne.
Voici le dialogue dont il est question, issu du tome 2 des recueils de textes du programme "10 sur 10" :
MADAME MANTE RELIGIEUSE : Je te plais pas ?
MONSIEUR MANTE RELIGIEUSE : Tu es la plus belle Mante religieuse que j’ai jamais rencontrée.
MADAME MANTE : Alors quoi, je te fais mal ?
MONSIEUR MANTE : Tout va si vite avec toi.
MADAME MANTE : Tu veux pas passer au plat de résistance ?
MONSIEUR MANTE : Faisons mieux connaissance ! Tiens, pourquoi tu t’es séparée de ton dernier mâle ?
MADAME MANTE : On avait des goûts différents.
MONSIEUR MANTE : Et si moi, je suis pas à ton goût ?
MADAME MANTE : En fait, tu t’es jamais reproduit, c’est ça ?
MONSIEUR MANTE : Si, bien sûr !
MADAME MANTE : Tu t’es jamais reproduit.
MONSIEUR MANTE : Je voulais attendre le mariage.
MADAME MANTE : Tu as peur ?
MONSIEUR MANTE : Non.
MADAME MANTE : Tu as peur.
MONSIEUR MANTE : Un peu.
MADAME MANTE : De moi ?
MONSIEUR MANTE : Oui. De moi, aussi.
MADAME MANTE : Je te dirai ce que j’aime.
MONSIEUR MANTE : Oui.
MADAME MANTE : Je te glisserai des mots doux en te mordillant l’oreille.
MONSIEUR MANTE : C’est rassurant !
MADAME MANTE : J’ai faim de toi.
MONSIEUR MANTE : Et si je suis pas à la hauteur ?
MADAME MANTE : Je suis sûre que tu vas assurer.
MONSIEUR MANTE : Mais si je peux pas… Euh !…
MADAME MANTE : Ça arrive parfois, avec l’émotion ! C’est pas si grave. J’ai l’habitude de me finir toute seule.
MONSIEUR MANTE : C’est un péché !
MADAME MANTE : C’est un péché de ne pas enfanter !
MONSIEUR MANTE : Jure-moi que tu m’aimeras toute la vie !
MADAME MANTE : Je t’aimerai jusqu’à ta mort.
MONSIEUR MANTE : Tu vas me faire perdre la tête.
MADAME MANTE : C’est parce que tu me rends folle, mon amour !
La soirée se termine par une discussion informelle. Le groupe semble très content de ce parcours. Cela change de leurs habitudes et ils et elles sont preneur·euses.