Samedi sur scène
Le samedi après-midi se présente froid et venteux à Lausanne, on ne regrette pas de le passer à l’intérieur, sur le plateau de répétition du 5bis.
Nous avons rendez-vous à 14h30 mais Marielle Pinsard, la metteure en scène, et Laura, la médiatrice, arrivent en avance pour préparer les lieux. Les autres arrivent peu après, Florence, Maria, Grace et Caroline, puis Nathalie qui nous a prévenu d’un léger retard. Rapidement costumes et maquillages fusent de toute part. Chris n’est pas là, Julian non plus. Quelqu’un essaye de les appeler, sans réponse. Ils ne viendront pas.
Sur la table, des boissons, des biscuits, du chocolat, des fruits... tout ce qu’il faut pour nous aider à maintenir l’énergie pendant l’après-midi. Nous avons prévu quatre heures de travail.
Marielle nous demande de nous mettre en costume, de nous maquiller. Il faut que les sosies soient prêts avant de commencer le travail. Nous sommes donc une équipe entièrement féminine et, du coup, pas de gêne de nous changer toutes ensemble pendant que Marielle cherche les vidéos des chansons choisies. Les costumes circulent, on essaye des choses, on se les montre pour avoir les avis des autres. Certaines se maquillent aux toilettes, d’autres improvisent des postes de maquillage au plateau. On demande, on propose, on partage dans ce moment de construction, drôle et à la fois sérieux.
Une fois que nous sommes toutes habillées et maquillées, Marielle nous demande de nous concentrer un moment sur les vidéos de nos artistes pour apprivoiser la gestuelle, les mouvements, le regard. Retenir les détails qui nous permettront de nous approprier leur performance. Après l’agitation de la préparation, c’est un retour au calme, certaines avec des écouteurs, chacune devant son petit écran pour saisir l’essence de ce que nous allons interpréter ensuite.
La première à se trouver sur scène est Florence/Shakira. Marielle lui demande de nous montrer des mouvements du sport de combat qu’elle pratique. Et, avec ces mouvements, elle va construire une chorégraphie. Florence a choisi la chanson Waka-waka et lorsqu’elle essaye les mouvements sur la musique, cela fonctionne à merveille.
Prise de défense devenue mouvement de danse
Marielle lui demande de répéter plusieurs fois la chorégraphie et de faire du playback sur la chanson, ensuite Florence ajoute quelques mouvements de danse africaine que Shakira fait sur la vidéo. Marielle propose que quelqu’un la filme pour que Florence puisse travailler les mouvements pendant la semaine. C’est Carolina qui le fait, Florence quitte la scène et peut se reposer.
Se regarder en vidéo pour mémoriser les mouvements
C’est Grace/Marilyn qui passe en deuxième. Elle fait une première version de son Joyeux anniversaire, puis Marielle lui demande de prendre le temps d’arriver, de regarder le public. Elle commente que Marilyn était complètement ivre lorsqu’elle a fait cette présentation et Maria ajoute que sa robe avait été cousue sur son corps, donc elle avait une mobilité très limitée. Marielle remarque que la robe de Grace est assez ample, on demande si quelqu’un a des épingles pour rétrécir la jupe et on trouve la solution avec une pince à cheveux et quelques épingles. De plus, elle demande d’ajouter de la poitrine pour accentuer les formes, on cherche avec quoi remplir le soutien-gorge de Grace et c’est finalement deux mandarines qui feront l’affaire. Puis, un boa de plumes blanches trouvé sur place complète le costume.
Grace rejoue en se déplaçant avec plus difficulté, cela change complètement la performance et c’est beaucoup mieux comme ça ! Marielle lui demande de garder son sourire figé et juge le maquillage que Grace a fait parfait pour le personnage. Elle propose que l’on fasse aussi une vidéo pour que Grace puisse s’exercer pendant la semaine.
Marilyn salue après sa performance
Maria nous annonce qu’elle a préparé sa présentation avec une introduction parlée. Elle aime raconter des histoires et elle aimerait commencer en racontant l’histoire de Carmen Miranda pendant qu’elle s’habille. Elle commence, Marielle l’interrompt pour lui demander de se placer autrement, Maria s’arrête et écoute, ensuite elle demande à Marielle de ne plus l’interrompre et de la laisser faire, elle lui donnera le signal pour qu’elle lance la musique... un silence s’installe alors pour écouter l’histoire de Carmen Miranda.
Maria nous raconte l’histoire de Carmen Miranda
Au signal de Maria, la musique commence. La prestation de playback et danse est très réussie, il faut dire qu’elle a trouvé la robe parfaite pour le personnage et qu’elle la porte à merveille. Maria finit sa performance et nous applaudissons toutes, surprises et enchantées de ce qu’elle a fait sur scène. Elle n’a pas besoin de la répéter, Marielle lui donne juste quelques indications pour travailler pendant la semaine et... c’est dans la boîte !
Carmen Miranda, le rythme dans la peau
Caroline/Selena prend alors place sur le plateau pour sa présentation. Elle a choisi une chanson au rythme du reggae et elle connaît déjà bien les paroles, de sorte que le playback est bien en place. Marielle n’est pas sûre de la tenue, qu’elle juge trop « bon enfant ». Dans la vidéo du concert que l’on utilise, Selena est habillée avec un pantalon en cuir, un style entre country et bad girl, Marielle propose d’essayer une autre tenue pour la prochaine fois.
Carolina nous présente Selena
Marielle fait remarquer également l’importance du microphone comme objet et comment Selena le manipule lorsqu’elle chante et lorsqu’elle ne chante pas. Elle vient sur le plateau pour montrer également quelques pas de danse que la chanteuse fait entre les couplets. On n’a pas de vrai microphone alors on cherche un objet qui puisse se substituer. Maria trouve dans son sac un bout de baguette qu’elle avait laissé du pique-nique d’hier. C’est adopté, la taille est parfaite. Caroline reprend sa performance, baguette en main, et l’on retrouve la chanteuse avec toute sa grâce.
Selena en action, microphone improvisé en main !
Mylène Farmer arrive au plateau, acclamée par nous toutes. Nathalie nous régale d’une performance bien soignée, préparée à partir du deuxième couplet de la chanson. Elle a placé une chaise au centre de la scène et c’est assise qu’elle présente une chorégraphie bien ficelée. Marielle lui demande de reprendre, cette fois depuis le premier couplet, tant pis s’il n’y a pas de chorégraphie préparée pour cette première partie, elle lui demande seulement de lire les paroles de la chanson sur son téléphone et de faire le playback en regardant le public de temps en temps. Elle montre à Nathalie le type de regard qu’elle souhaite d’elle lorsqu’elle lève les yeux de l’écran et Nathalie le répète exactement. Et quand elle le fait, le regard est si bien intégré aux paroles de la chanson que nous éclatons toutes de rire. Et puis, au deuxième couplet, elle enchaine avec sa chorégraphie. Ça fonctionne tellement bien que les applaudissements de toutes ne se font pas attendre. Marielle lui propose de répéter les paroles pendant la semaine mais de garder son téléphone à la main, Nathalie ne semble pas convaincue... on verra ce que nous découvrirons vendredi prochain, lorsque ces performances seront montrées et filmées.
Libertine de Mylène Farmer dans la peau de Nathalie
L’après-midi touche à sa fin, on commence à sentir la fatigue mais l’enthousiasme est toujours là.
Laura est la dernière à se retrouver au plateau. Elle essaye une première version de Piensa en mí de Marisa Paredes. Marielle lui demande de faire beaucoup moins, elle la trouve trop théâtrale, avec trop de force. Elle aimerait qu’elle puisse transmettre la fragilité de la chanteuse dans le film. Marielle vient sur le plateau pour lui montrer quelques gestes qu’elle trouve importants dans la vidéo. Laura essaye à nouveau, Marielle lui demande d’enlever la perruque, blonde et bouclée, et de rester aves ses cheveux naturels. Toutes approuvent le changement et le tout est joué encore une fois. Marielle réclame des grandes boucles d’oreille pour compléter le costume vendredi prochain.
Les présentations sont finies. Avant de tout ranger, Marielle propose que le groupe se joigne aux ateliers avec le parcours de La Marmite avec lequel elle travaille pour la création collective. Ce sera au mois de mai et elle trouve que le groupe du chœur a si bien avancé que ce serait dommage que tout finisse lors de la prochaine rencontre. Tout le monde va réfléchir, ce n’est ni oui ni non, on refera le point dans une semaine.
On décide de laisser sur place les costumes et accessoires retenus pour les performances de vendredi. On a besoin d’un vrai microphone, il faudra absolument en trouver un. On garde les restes du goûter avec les costumes et les maquillages et on cache le tout dans la cave des locaux, pour ne pas gêner les compagnies de théâtre qui viennent répéter pendant la semaine.
On range la salle toutes ensemble et on part.
Dehors l’après-midi touche à sa fin, toujours venteux et gris, mais nous avons toutes le sourire. Nous nous séparons au coin de la rue, contentes de nous retrouver une semaine après pour finir notre travail sur les sosies.