Les sosies à la Ferme des Tilleuls

Vendredi 31 mai et samedi 1er juin ont eu lieu les restitutions du travail sur les sosies, mené avec la metteure en scène Marielle Pinsard. Ce travail clôt le parcours vaudois Voisin(s), voisine(s), sur le thème du voisinage, qui a eu lieu durant toute la saison au sein de l’Association des Familles du Quart Monde (AFQM) qui avait déjà collaboré avec La Marmite lors de la saison 2018-2019.

À l’occasion de ce travail, plusieurs membres du chœur Coriolan, groupe d’anciens parcours confondus de La Marmite, ont pu rejoindre le parcours et le travail de création partagée. Ces participant·es venaient d’associations diverses, comme Palabres, pour les personnes en situation de précarité qui veulent apprendre le français, ou Lire et Ecrire, pour favoriser l’accès à l’écrit, ou encore le Service Social de la Ville de Lausanne. Mais ici, point n’est question de son origine ou de ses difficultés : c’est un projet, un goût et un objectif commun qui fédèrent le groupe. Les participantes et participants, au fur et à mesure des sorties, commencent à se côtoyer et à se connaître, et se fondent finalement avec le parcours. Ainsi Zara, Marc, David, Arlette et Nadège ont travaillé sur une première partie de la création, et Florence, Maria, Nathalie et Grace ont constitué la deuxième partie.

Ce travail a demandé plusieurs répétitions, commençant par un questionnaire sur les souvenirs et la personnalité, puis au choix du ou des sosies, souvent soufflés par un ou une autre participant·e, dont David qui trouve ressemblances et appariements avec des personnalités médiatiques ou artistiques de toutes les époques.

Une fois le personnage choisi, il s’agit de s’en inspirer dans certaines vidéos : gestuelle, habillement, recherche de costume, playback au souffle près. Mais c’est aussi un travail de recherche et d’écriture que propose Marielle Pinsard : en faisant des lectures et des recherches sur ce sosie, quels sont les autres points communs ou résonnances que l’on peut retrouver avec sa propre vie ? C’est donc un récit croisé, où le public peine à démêler ce qui est de l’histoire du vrai ou du sosie, se perdant délicieusement dans les méandres de la fiction et de la biographie…

La Ferme des Tilleuls nous accueille, îlot improbable derrière les travaux de l’axe du tram à Renens. Ici la fontaine coule, les larves de coccinelles parsèment les grandes tables dans le jardin, sous le temps changeant de ce printemps 2024. Vieux parquets, fenêtres anciennes, peintures de François Burland nous accompagnent jusque dans le caveau, où la petite jauge de 20 personnes sera vite atteinte.

La Ferme des Tilleuls, côté jardin et côté sculpture monumentale

En coulisses, c’est un gros travail de maquillage, costumes, perruques pour adopter au plus près les sosies politiques ou du show business. Sixtus, accessoires, même Mélanie la maquilleuse aux mille pinceaux est là pour préparer les performeurs et performeuses. L’excitation se lit dans les yeux, une certaine tension aussi pour quelques-uns·es. Les deux médiatrices du parcours, Jordane et Muriel veillent au grain. Giona, photographe professionnel, prend un portrait de chaque participant·e en costume, dans un recoin de ce bel espace, ainsi qu’une captation vidéo, valorisant de beaux souvenirs.

Marielle Pinsard introduit le talk show en interviewant Léa Salamé, ce qui permet de présenter les invité·es présent·es dans cette première partie. Il est émouvant d’observer les récits, les fables, les échos aussi des vies des personnages choisis en lien avec les vies de celles et ceux qui les jouent. Lire un texte, parler dans un micro, se lever, chanter…. Autant d’actions qui prennent de l’ampleur sous le regard d’une belle double dizaine de personnes présentes. Le public est chaud, réactif, participatif, tape dans les mains, reprend le refrain. Un écran permet d’associer le sosie à son modèle, surlignant les intentions de mise en scène ou costume.

Avec la facilitation de Marielle : 

Nadège/Léa Salamé mentionne ses multiples origines.

Arlette/Arlette Laguillier raconte son enfance.

Marc/McGyver expose une anecdote (réelle) sur le chiffre 14.

Zara/Docteur Quinn, dans un costume plus vrai que nature, lit un témoignage.

Anna/Elisabeth Badinter est présentée rapidement.

David/Florent Pagny nous raconte le Chili et chante au souffle près La liberté de penser.

Une deuxième partie, plus musicale, présente les sosies déjà travaillés par le chœur :

Maria/Carmen Miranda introduit et chante a cappella cette star latina aux USA,

Grace/Marylin Monroe chante Happy Birthday,

Florence/Shakia enflamme la piste de danse,

Nathalie/Mylène Farmer nous invite à nous assumer et reprend Libertine,

Avant un final où tout le monde vient danser sur la scène et saluer le public.

Le vendredi soir, un apéritif dînatoire est offert au restaurant dans la pièce principale. Les membres de l’AFQM, mais aussi des personnes issues d’autres associations ou de La Marmite côtoient les participant·es, échangeant sur le spectacle, mais aussi les sosies ou anecdotes liées. La pluie qui s’abat sur les alentours ne nous décourage pas et c’est vers 22h30 que nous quittons les lieux.

Le samedi, un public plus nombreux et plus disparate accueille la prestation très écrite et travaillée quoiqu’à peine différente, riant à d’autres endroits. De nombreux membres des familles sont là, mais aussi des relais d’anciennes associations, des bénévoles, des membres d’anciens parcours de La Marmite. L’apéritif peut avoir lieu à l’extérieur, il fait bon passer ce temps de week-end ensemble. Le parcours finissant est invité à rejoindre le chœur qui a une dernière sortie à Vevey quelques jours plus tard.

Cette création, qui a combiné des participants de plusieurs origines, dans un calendrier construit sur mesure mais assez tardivement, avec finalement deux représentations, aura demandé passablement d’énergie d’organisation, largement compensée par l’investissement des participant·es, et la joie transmise au public.

 

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