Retour du spectacle « Dom Juan »
9 mars 2020, le groupe On Kawara se retrouve pour la troisième fois. Nous nous sommes dit.e.s au revoir après le spectacle de Dom Juan : que nous reste-t-il de cette expérience ? Et comment ce premier spectacle peut nourrir l’expérience du prochain ?
Pour explorer ensemble ces deux questions, le groupe prend d’abord le temps de se retrouver en jouant ensemble. Nous nous amusons à nous imaginer une profession. On découvre alors un troueur de cornettes, une grimpeuse d’arbres ou encore un voyageur dans l’imaginaire.
Nous continuons à utiliser notre imagination pour nous mettre dans la peau d’un personnage : celui de Dom Juan. Ce Dom Juan dont nous avons fait la rencontre lors du spectacle, que dirait-il de sa manière de percevoir les personnes de son entourage ? Et bien qu’il joue avec la mort, il semble avoir encore l’envie de vivre. Qu’est-ce qui anime cette envie ?
Un participant se souvient que Dom Juan porte le squelette de sa mère sur son dos. « Il nous montre son irrespect » « On ne ferait même pas ça avec le squelette de notre chat ». Dom Juan pourrait dire « Mon entourage m’est nécessaire car quand les autres me regardent je me sens exister. Seul, je perds cette sensation ». « Ce qui me donne envie de vivre, ce sont les plaisirs de la chaire » « J’ai surtout très peur de la mort ».
Le prochain spectacle que nous avions prévu d’aller voir au Théâtre de Valère à Sion est « La vie est belle » par la compagnie Caravane d’après le film de Frank Capra. Dans cette pièce, le protagoniste pense à la possibilité de mettre fin à ses jours. Les raisons qui lui donnent envie de rester en vie et le rapport à son entourage sont très différents de ceux de Dom Juan. Le groupe On Kawara imagine quels pourraient être ses réponses : « On peut trouver l’envie de vivre dans l’espoir et la confiance que les choses changent. ». « Parfois c’est pour les proches et pour ses enfants qu’on veut rester vivant. ». « On peut vivre des relations d’amours sincères avec son entourage ». « On peut ressentir de l’empathie pour les autres ».
Nous n’aurons pas la réponse proposée dans « La vie est belle » comme nous l’avions prévu en raison de l’annulation des spectacles. Une situation exceptionnelle nous invitant au confinement se met en place en Suisse dans le contexte du Corona Virus. Cette situation sonne juste avec la proposition de Sabine Zaalene de s’inspirer de l’artiste On Kawara pour notre restitution : nous voici face au temps, à la finitude et c’est là l’occasion de commencer notre projet en commençant individuellement un journal personnel dans lequel nous déposerons chaque jour une attention.
Les rencontres du groupe sont reportées, mais le précieux questionnement que nous partageons en collectif continue de faire son chemin. Un mouvement extérieur s’arrête et pourra peut-être laisser la place pour un commencement.