Séance au Foyer du Théâtre du Crochetan
3 juillet 2020
Nous sommes en petit comité aujourd’hui. Malika propose d’ouvrir la séance par un retour sur notre journal de confinement et en particulier sur une proposition que Mélisende avait faite inspirée de Lucien Suel qui consiste à caviarder un texte. Nous caviardons ainsi une page du journal au hasard puis nous lisons ce que nous avons choisi de laisser apparaitre. C’est intéressant de relire la page de journal avec cette perspective, d’entendre ses propres mots dans un autre contexte, les mots des uns qui se mêlent aux mots des autres. Malika relève que, dans cet exercice, on voit bien que rien n’est figé, ce que nous avons fait ou vécu peut toujours être réinterprété par une nouvelle lecture. On se souvient des mots d’Agustin « Rien n’a plus d’avenir que notre passé ».
Puis nous reparlons du film de Kore-Eda, nous mettons ensemble nos fragments de souvenirs car certains ont oublié des scènes dont d’autres se souviennent. Nous revenons sur le choix du souvenir qui est demandé aux arrivants dans les limbes dans le film. Malika imagine choisir un moment lié à une sensation plutôt qu’à un contenu comme la dégustation d’un délicieux chocolat. Nous nous souvenons ensemble des personnages qui choisissent une sensation – la brise qui caresse la joue par une fenêtre de train ouverte – ceux qui choisissent un moment précis – l’attraction de Disneyland ou la danse au bal avec les souliers rouges – et ceux qui choisissent une pensée – le personnage principal qui se repasse « le film » de sa vie dans sa tête sur le banc en regardant la caméra. Mélisende se demande si un souvenir répété à l’infini, ça ne deviendrait pas l’enfer. On s’interroge sur les personnages qui livrent leurs vrais souvenirs avec l’aspect « documentaire » et les acteurs professionnels qui font avancer la trame. Ceux qui n’ont pas vu le film ont encore plus envie de le voir, on convient d’en reparler avec eux lorsqu’ils l’auront vu.
Après une petite pause, nous nous laissons guider par Sabine qui a préparé un questionnaire afin de nous mettre en route vers la restitution du parcours. Il s’agit d’un choix d’un « lieu de finitude » comme elle l’appelle, imaginaire ou réel. Le terme lieu de finitude se révèle difficile à appréhender, Sabine propose qu’il puisse signifier soit la mort, soit la fin d’une expérience. Chacun a pu s’isoler dans un coin du Théâtre pour se plonger dans l’univers de son lieu. Pour finir, nous nous rassemblons pour partager en groupe le lieu que nous avons choisi. La richesse des lieux, leurs développements déjà avancés, ont montré une grande diversité, mais aussi un besoin commun de choisir un lieu dans lequel on se sent bien. Sabine nous demande de penser, pour la prochaine fois, à trouver une image et des musiques en lien avec notre lieu.
Le même questionnaire et la proposition de recueillir des images et des musiques seront envoyés aux participants qui étaient absents avec la demande de le retourner d’ici la fin de l’été.