Visite de l’exposition
Par Tom Kaeser et Nicolas Joray, médiateurs culturels

Grégoire Mayor, co-directeur du Musée d’Ethnographie de Neuchâtel, nous donne rendez-vous pour visiter l’exposition de référence de l’institution, nommée L’impermanence des choses. Une visite qu’il adapte en fonction du thème de notre parcours, la sauvagerie.

Nous commençons la visite dans une salle où sont affichées des photographies d’individus issus de différentes parties du monde. L’occasion, dès les premiers instants, de se confronter à l’altérité. Grégoire Mayor explique que ce rapport à cette altérité (qui a parfois été vue comme de la sauvagerie) fait partie de l’histoire de cette discipline qu’est l’ethnologie (ou l’anthropologie). Historiquement, il affirme que la sauvagerie a souvent été présentée soit positivement ou négativement. “Comment l’imaginaire autour du sauvage se construit?” C’est à cette question que le co-directeur du Musée d’Ethnographie de Neuchâtel va apporter quelques pistes de réponses à travers notre visite.

Dans cette même première salle, la vision d’un scanner d’une momie nous évoque la question suivante: entre l’explorateur, le colon ou le “sauvage”, qui est le plus sauvage? Les entreprises de colonisation ont souvent été violentes, que ce soit physiquement, psychiquement ou socialement.

La visite se poursuit. Nous nous retrouvons face à une série d’étiquettes, exposées sans les objets auxquels elles étaient rattachées. L’occasion pour Grégoire Mayor d’évoquer cette pratique de l’étiquetage, centrale pour les personnes qui travaillent dans un musée, mais également importante pour les ethnologues ou anthropologues. “Sauvage est une étiquette, pas une réalité”, nous dit notre guide. Et l’étiquetage change avec le temps. D’où le titre donné à l’exposition de référence dans laquelle nous évoluons: “L’impermanence des choses”. Un objet, un humain, peut être étiqueté différemment selon la période, le contexte, la personne qui étiquette.

Ces réflexions font écho à l’évolutionnisme de Morgan, évoqué lors de la séance de préparation à la sortie au musée.

Lors de la visite, la question du mode de vie de certaines populations que l’on a pu considérer comme “sauvages” est également évoquée, notamment à travers le rapport entre le travail et les loisirs. Certains groupes sociaux parvenaient à ne consacrer que quelques heures au travail nécessaire à couvrir les besoins fondamentaux des individus (boire et manger notamment). Le reste du temps était dévolu à des activités que nous pourrions qualifier de “loisirs” (même si le terme est sans doute inapproprié). Ainsi, les populations que nous avons pu qualifier de “sauvages” ne sont pas forcément dans une logique de survie impitoyable.

Un dernier objet sur lequel nous nous attardons est une parure composée de plumes d’oiseaux. Cet objet, selon Grégoire Mayor, renvoie à la fois à la sauvagerie associée aux animaux. Et à la fois à la figure du “sauvage sophistiqué”, puisque l’assemblage de la coiffe de Papouasie nécessite un savoir-faire complexe.

Source: www.arthis.ch

La visite se termine par un verre offert par La Marmite dans le café du Musée. Un moment plus informel, qui nous semble précieux pour cultiver la convivialité