Bilan

Arrivée au terme de ce parcours avec le Groupe Pelloutier, il est temps de regarder un peu en arrière et d’intégrer le chemin parcouru depuis nos premières rencontres avec les personnes fréquentant les différentes structures que sont ARGOS et le Toulourenc – personnes qui nous ont accompagnées durant ce parcours de La Marmite sur le thème de la citoyenneté.

Notre parcours nous aura permis de traverser différents moments culturels (spectacle, expo, film), de rencontrer le philosophe Alain Badiou à la Maison de Rousseau, mais surtout de nous réunir et, à travers la réception culturelle, de nous exposer, de partager, d’enrichir nos points de vue de citoyen.ne.s dans ce monde !

Comment faire partie de ce monde lorsque notre parcours de vie bascule, emprunte des chemins de traverse ? Quelle est notre voix ? Comment l’exprimer et comment retrouver la force de poursuivre ? Toutes ces questions ont pu nous traverser intimement et parfois nous avons pu nous approcher de celles-ci furtivement dans des échanges plus complices et, parfois aussi, tout se tenait un peu plus à distance dans une certaine pudeur. Mais à travers le medium de l’art, de ces sorties culturelles le propos était là.

Lorsque Steeve Iuncker – l’artiste du Groupe Pelloutier – nous a fait visiter son atelier à L’Usine et nous a montré un travail de photographie très intime qui l’a amené à accompagner un homme dans ses derniers jours, nous avons senti le groupe très sensible à ce cheminement. Ensuite, à leur tour, les participants se sont exposés en se mettant devant la caméra en vue de la réalisation d’une œuvre collective pour le vernissage du parcours.

Chacune de nos réunions a été une surprise tant le groupe n’était pas à proprement dit un groupe intégré mais des individus avec des trajectoires différentes ayant un point en commun : une dépendance passée ou présente avec un produit.
Alors, comme le soulignait Jean-Julien – l’un des éducateurs qui a accompagné le parcours –, se réunir a relevé du défi et a permis des interactions qui jusqu’alors n’avaient pu advenir. Est-ce la force du medium artistique que de permettre une telle sociabilité ?

La proposition de La Marmite a offert des occasions supplémentaires pour se réunir, s’exprimer dans des espaces autres qu’institutionnels ou thérapeutiques. De libérer une parole. En tant que médiatrice culturelle, je rencontrais des individus pour un temps donné avec une proposition culturelle et cela a permis des échanges très simples, presque familiers.
Une participante du groupe, Claudia, s’est d’ailleurs exprimée dans ses termes lorsque nous nous sommes revues dans le jardin du Toulourenc pour une grillade et pour poursuivre le travail photographique de Steeve Iuncker.
En effet, notre réunion ressemblait à une circonstance familiale avec des échanges joyeux et spontanés et tout le monde a beaucoup apprécié cette soirée presqu’estivale autour de grillades préparées par l’équipe des éducateurs.

A souligner toujours l’appui fondamental de l’équipe sociale qui relaie sans cesse nos dates de rencontres et qui a beaucoup apprécié traverser ce parcours.

Ce qui m’amène également à relever que le plus important se niche, parfois, dans les interstices, l’informel de nos rendez-vous. Quand, par-delà la préparation d’une sortie ou le retour sur une autre, est accueillie une urgence existentielle. Il se passe en effet nombre de choses que nous ne relevons pas toujours dans nos carnets et qui font bouger les lignes, leurs lignes, nos lignes, qui nous transforment et transforment les regards que nous portons les uns sur les autres.
C’est peut-être cela aussi la citoyenneté : comment considérer l’autre, comment prendre sa place collectivement dans le monde comme le disait Alain Badiou, et quel monde nous voulons !

Nous nous reverrons donc en septembre avec la matière de Steeve Iuncker qui aura intégré tous ces éléments et d’autres plus subtiles.

Barbara San Antonio

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