Nous poursuivons notre parcours et découvrons avec émerveillement – ou agacement pour certains – le film Le Havre du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki, sorti en 2011, qui nous fait découvrir avec lenteur et beaucoup d’esthétisme un Havre avec des personnages haut en couleurs pour aborder la thématique de l’hospitalité et de l’acte citoyen.
Quand le personnage principal du film décide d’accueillir un garçon clandestin et de l’aider à rejoindre sa mère en Angleterre, il fait preuve d’une générosité magnifique et sait mobiliser les siens qui, à leur tour, vont l’aider dans cette aventure. Le film détonne de par son rythme, sa stylisation d’un autre temps et des répliques empreintes d’une grande poésie.
Nous découvrons Le Havre dans une petite salle du Grütli – véritable écrin pour cinéphiles. Les personnes du groupe nous ont rejointes au café du Grütli pour un verre juste avant la projection. Personne n’avait vu ce film auparavant.
A la sortie, les commentaires vont bon train : certains ont aimé, d’autres moins mais le film permet de s’ouvrir à l’actualité culturelle genevoise du moment – l’exposition sur l’exil et la migration du Musée de la Croix-Rouge où de nombreux photographes illustrent la migration. C’est l’occasion aussi de se rappeler l’accueil assuré, en 2011, par les habitants de la petite île de Lampedusa à une vague importante de migrants tentant de rejoindre l’Europe via les côtes italiennes.
Le petit groupe de fumeurs sort ; d’autres discussions et partages se poursuivent sur le trottoir. Les deux femmes du groupe expriment alors leurs impressions sur certains détails du film et sur l’inconfort que cela a produit en elles. Pour l’une, c’est la rémission miraculeuse de la femme du protagoniste qui est en question. Cet élément, totalement irréaliste pour elle, la renvoie à des expériences traumatiques de sa vie en la reconnectant à une réalité plus noire. Elle butte sur cette histoire trop peu crédible à son goût. Sa collègue abonde dans son sens. Pour elle, c’est plutôt le fait que le policier participe également à la fuite de l’enfant clandestin qui la dérange. « Dans la vraie vie, c’est impossible ça ! » Echanges nourris autour de la capacité de chacun à changer le monde à son propre niveau mais également de la notion d’utopie qui peut guider et revivifier nos actes et nos croyances.
Cette sortie est l’avant-dernière du groupe qui a déjà pu vivre une sortie théâtre, un repas convivial à la MQ de Champel, une exposition au Forum Meyrin et la visite de l’atelier de photographie de Steeve.
Une nouvelle personne a rejoint le groupe pour cette soirée – occasion, pour toutes et tous, de lui réexpliquer le concept de La Marmite et de l’inviter à nous rejoindre pour la suite et la fin du parcours.
De fil-en-aiguille, un lien se tisse entre toutes ces sorties, entre le groupe et nous les médiatrices aussi – bien que parfois la fragilité de certain.e.s reprenne le dessus sur nos rencontres.
La Marmite représente toujours ce possible de rencontres, d’échanges vers la culture et offre véritablement des occasions concrètes de sorties et de découvertes au groupe émargeant de ses propres centres d’intérêts.