Rencontre d’une heure avec Loïc Wacquant
RENCONTRE DU 20 OCTOBRE 2016
Hillary Clinton et Donald Trump, le pouvoir des citoyens ou l’économie solidaire. Ce sont quelques-uns des sujets qui ont été abordés lors de notre rencontre d’une heure avec Loïc Wacquant, sociologue spécialiste des inégalités urbaines, du monde des prisons ou encore de la boxe.
En entrée
La soirée a débuté par un verre dans un bistrot genevois. Nous y avons accueilli les jeunes qui suivent ce parcours depuis que le début. De nouvelles personnes qui ont rejoint les activités de Scène Active cette année scolaire sont venues s’ajouter à ce groupe. Nous nous sommes présentés dans ce café puis nous sommes déplacés ensemble pour rejoindre le chercheur en sciences sociales.
Le plat principal
La rencontre a commencé par une brève présentation des personnes présentes ainsi que de notre parcours sur le thème de la peur. Puis Loïc Wacquant a demandé aux participants : « Qu’est-ce qui vous a amené ici ? » Les réponses ont jailli dans les oreilles attentives du sociologue. « Qu’est-ce qu’on peut faire pour changer le monde ? » s’est interrogée une jeune adulte. « Je ne peux pas assister à ce monde qui s’effrite sans rien faire » a complété une autre. Un nouveau participant s’est demandé : « Faut-il détruire ou reconstruire ? ». Une réponse fuse : « Les cendres, c’est de l’engrais ! » Certains ne sont pas d’accord. Ils débattent.
Après cette prise de température, Loïc Wacquant détaille plusieurs transformations qui travaillent notre société contemporaine : des changements liés à l’économie, à l’État, au travail, à la famille et aux âges de la vie. Le sociologue s’attarde un moment sur les prisons. « Mais donc vous dites que les riches vont moins en prison ? » s’étonne un participant. « Ils y vont moins », répond Loïc Wacquant. Les types de criminalité sont traités différemment. Et en ce qui concerne les possibilités de changement ? « Les points de lutte sont partout, affirme le chercheur. Mais il faut avoir une analyse liée. »
Et c’est ce qu’on fait les participants pendant une heure : tisser des liens entre économie et prison, progrès social et système scolaire.
Un moment d’ébullition
Cette rencontre a été un moment fort de notre parcours. Cela est dû notamment au nombre de participants présents, à leur implication et leur écoute, à l’engagement des animateurs d’Accroche-Scène active, à la capacité de Loïc Wacquant à s’engager dans une véritable conversation, à la qualité de ses réflexions. Il s’agit maintenant pour nous de maintenir la flamme. Prochaine étape, une visite d’exposition.
RENCONTRE DU 10 OCTOBRE 2016
Soirée WacquantBurger
Mêler nourriture et discussions sociologiques : c’est le pari que nous avons fait pour le troisième rendez-vous de notre parcours. La soirée a débuté par des discussions informelles entre la demi-douzaine de jeunes présents, les chorégraphes, les médiateurs et un membre de La Marmite.
En guise d’apéritif, nous avons ensuite visionné quelques extraits du documentaire La raison du plus fort réalisé par Patric Jean. Les thèmes du documentaire ? Inégalités urbaines et économiques, répression policière, racisme. Le but était de nous plonger par l’image dans l’univers de Loïc Wacquant, le chercheur que nous allons rencontrer. Et les extraits ont suscité quelques réactions fortes chez les participants. Une participante a par exemple exprimé son envie de découvrir plus à fond le film. Après une séquence dans laquelle des propos racistes sont échangés, quelques jeunes ont verbalisé leur sentiment d’indignation.
Puis est venu le moment de passer à table. Au fil du repas (des hamburgers, bien sûr !), des discussions et réflexions ont émergé. Une personne nous a évoqué sa difficulté à trouvé sa place dans la société. Comment faire entendre sa voix particulière ? Que faire de sa colère ? Que préférer, l’ordre ou le désordre ? Le changement se fait-il de manière individuelle ou collective ? Reste-t-il de l’espoir ? Autant de questionnements qui viendront nourrir notre rencontre avec un intellectuel spécialiste de ces thématiques.
Sentiment d’impuissance, de révolte et colère sont de magnifiques témoignages de soif d’une meilleure compréhension du monde. En tant que médiateurs, nous sommes sans doute des passeurs, passeurs d’informations. Nous avons l’ambition de faciliter cette compréhension du monde, de donner quelques outils en plus.
A la suite de la soirée, une participante nous a fait le cadeau de nous transmettre ses réactions par écrit. Réflexions très intéressantes parmi lesquelles « Sommes-nous devenus accros de l’enfermement ? » et « Pourquoi cache-t-on tellement les banlieues ? ».
Une chose est sûre : la marmite bout.
Doutes et confiance
En ce qui concerne la participation au parcours, enjeu majeur ainsi que nous l’évoquions précédemment, une autre participante nous a fait savoir qu’elle ne comprenait pas le sens de notre démarche lors de notre première rencontre. Elle ne savait alors pas si elle souhaitait donner de son temps pour participer à ce projet. Celle-ci s’est exprimée de manière plus positive cette fois.
Il semblerait qu’un climat de confiance, plus détendu, a pu se tisser avec cette rencontre. Comme Alice au pays des merveilles, il faut peut-être apprendre à se perdre, accepter d’être dans une zone d’inconfort pour pouvoir découvrir d’autres choses, un monde en apparence très éloigné de sa réalité…